Se réchauffer le coeur avec Alessandro Barosi

 

Cascina Corte, Primavin

Tout le monde l'appelle Sandro. Cet homme humble et fier à la fois, riche d’expériences et curieux des autres.  

Certaines personnes semblent avoir vécues plus d'une vie. Comme si le temps avait moins d’emprises sur elles. Sandro est l’une de ces personnes. 

Après avoir œuvré plus de 12 ans dans le milieu de la mode à Turin, Sandro en a eu marre. Marre de ce côté éphémère du milieu, usé par cette course effrénée à la consommation.  

Il troque alors la ville pour la montagne, le magasin de mode, pour le refuge alpin. Un espoir de regagner un nouveau souffle.  En 2 ans, à plus de 2000 mètres d’altitude dans la Vallée d’Aoste sur le Monte Rosa au Piémont où il est allé «se nettoyer le corps et l’esprit», Sandro retrouve la passion qu’il était venu chercher. 

C’est à ce moment charnière qu’il décide d’aller travailler pour le mouvement Slow Food, où il restera pendant 7 ans à combattre le mouvement du «fast food» et à prôner les traditions régionales et le rythme de vie «a la dolce vita»  

 

«Piano piano» comme disent les Italiens. «lentement lentement». 

 

 

 

Il faut le voir en parler, les yeux de Sandro s’illuminent de souvenirs lorsqu’il parle de son rôle de promouvoir ce maintenant célèbre organisme à l’international.  Tout le monde se laisse transporter par les récits de cet homme doux et patient. Sa passion, concernant la biodiversité et s'exprimant dans un magnifique français entrecoupé de «mama mia!», nous donne envie de le suivre.  

Nous sommes accoudés au bar du Verdun Beach, mais en réalité, nous voyageons au Piémont au travers des récits de Sandro.... 

 

 

C’est en 2001 qu’il se lance dans le vin.  

Souvenir de jeunesse avec laquelle il veut renouer. Le désir de faire du vin, il l’a cultivé grâce à son père. Artisan de la charcuterie, il faisait son propre vin pour y faire macérer de nombreux aromates pour ces saucissons. Une méthode lente mais qui promet un résultat savoureux. Le reflet de ce que Sandro prône aujourd’hui. 

Cascina Corte, Primavin Vin Vivant

Avec sa femme Amalia, il achète donc un vignoble dans l’appellation Dogliani, collée sur la fameuse région Barolo. Au départ ce n’est que du dolcetto qui s'y trouve, dont une parcelle datant de 1946 qui est utilisée dans sa célèbre cuvée Dogliani Superiore Pirochetta. 

Avec son domaine Cascina Corte, il a fallu être solide dans ses décisions dès son arrivé. Dès 2003, il converti son vignoble et obtient sa certification biologique. Les autres vignerons le regardaient drôlement, cet homme de la ville qui voulait faire bouger les choses.

«On me trouvait fou!»

Sandro en dégustation Primavin au Plongeoir à Montréal

Il est donc allé chercher conseils chez quelques copains vignerons en France, déjà bien avancés dans ce parcours naturel. Zélige-Caravent dans le Languedoc et Gilles Berlioz en Savoie pour ne nommer que ceux-là. 

Et avec les années, c’est un chai qui s’est élevé de terre, une maison qui fut restaurée, du nebbiolo, de la barbera, du nascetta, du pinot noir et de la freisa qui furent plantés pour notre plus grand bonheur. Et puis, il répète qu’il fait du vin pour aussi le boire donc c’est tout naturel pour lui de planter ce qui le fait vibrer. 

Fait intéressant, le nascetta n’est planté que sur 20 hectares dans le monde! Un cépage oublié sauvé par une poignée de vignerons.  

Et Sandro ne regrette pas la sueur versée et les muscles endoloris par les vendanges passées. Il regarde l’avenir avec une bonne humeur contagieuse. Et lorsque je lui demande quel est le plus grand défi actuellement, il me répond tout de go “faire des bons vins!”  

 

 

Parce que chaque année est différente, parce que chaque millésime surprend et qu’il n’y a pas d’artifices pour cacher quoi que ce soit.  

 

// 

 

C’est plus tard dans la soirée que l’on se retrouve attablés au restaurant “Le Petit Alep” sur la rue Jean-Talon.  

Le vin servi à l’aveugle qui tournoie dans le verre, se fait sentir par les convives, est dégusté attentivement... On ne trouve pas, mais on aime autour de la table ce vin qui goûte l’automne et les épices douces. Alain, le sommelier, nous dévoile la bouteille sortie de sa cave d’Ali Baba :

Dogliani Pirochetta Vecchie Vigne 2013 

 Une jeunesse dans le verre, Sandro sourit de fierté. Il me regarde et me mentionne que c’est sa parcelle préférée. “Elle ne produit pas beaucoup mais chaque pied de vigne est une sculpture forgée par le temps et l’humain, et les raisins sont magnifiques” 

 

 

Sandro fait des vins qui lui plaisent, et ses vins plaisent à tous. 

Sandro en dégustation avec Primavin

   

Si vous l’avez manqué lors de son passage à RAW Montréal qui vient tout juste de passer, vous avez encore la chance de goûter à son travail. Ses nouvelles cuvées de Langhe Freisa, son blanc de noir de pinot noir et son Langhe Pinot Nero savamment travaillé viennent tout juste d’arriver. Sans oublier ses cuvées de dolcetto, de nebbiolo et de nascetta.... et de riesling!  

 

 

Se réchauffer le coeur avec Alessandro Barosi
Écrit par Anaïs Marchand