L'unique Lise Jousset

Dès qu’on rencontre Lise, on ne peut s’empêcher de sourire. 

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Le sourire contagieux et la passion dans les yeux, cette femme a su manier avec aplomb et résilience le domaine qu’elle partage avec Bertrand depuis 2004.  

C’est attablé sur la terrasse arrière du Verdun Beach que l’on partage une bouteille de Jérémy Bricka. Lise fait tournoyer le vin, goûte attentivement et esquive un léger sourire avant de replonger dans le vif du sujet.  Lise Jousset_02

Car au départ, ce n’est pas la vie de vigneronne qui attendait Lise. Femme de tête, elle vient d’une famille d'agriculteurs et s’était juré de ne jamais vivre un travail dicté par les aléas de dame nature.

Elle décide donc d'étudier en service de restauration. À Thouars en Loire (ça rime!) elle a la chance de déguster beaucoup de vin grâce au Club des Œnophiles où sa patronne préside. Elle a pu ainsi goûter a une panoplie de vins internationaux. 

L’ouverture d’esprit et le désir de se perfectionner conduit Lise à aller travailler en Angleterre pour perfectionner son anglais. Le cosmopolite Colchester fut son repère, puis la Haute-Savoie avant de s’installer à Paris pour un moment. C’est à 21 ans qu’elle décide qu’elle ira en sommellerie. Le vin, elle aime ça en parler et partager sa passion aux convives. Et ça se sent. 

Je lui souligne que j’ai entendu, la veille dans l’auto, qu’elle avait été meilleure sommelière de Loire ! Je lui demande pourquoi je ne l’ai pas su plus tôt. Une meilleure sommelière de Loire qui devient une vigneronne hors pair c’est trop beau pour être vrai! Lise me répond tout de go, d’un ton humble, que ça fait longtemps et puis que c’est du flafla un peu tout ça. Je l’aime encore plus juste pour ça. 

Amoureux dans la vie et de la vigne, Bertrand et Lise se sont rencontrés en cours de salsa alors que Lise travaillait à Paris et que Bertrand, ancien militaire, opérait un chai. Il voulait faire ses propres vins et l’amour a convaincu Lise de retourner aux sources de son enfance : la terre.  

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Mes deux bras m’en tombent quand elle me dit qu’en 2004, lors de son premier millésime à Montlouis-sur-Loire, elle n’avait jamais vendangé. Le courage et la naïveté du début, ont su bien porter ces deux tourtereaux pour les innombrables défis qui les attendaient. Grêle, gèle et autres aléas climatiques ont été les combats de Lise des derniers 20 ans.  

 

« Le plus gros défi, c’est d’accompagner la vigne et les sols malgré les changements climatiques. La vigne est perdue, le climat a tellement changé dans les 10 dernière années! On est perdus aussi nous parfois. » 

 

Une chance que Bertrand a un instinct et des potes qui aident énormément ! Le négoce qu’il ont démarré en 2012 les ont fait grandir et comprendre d’autres visions sur le travail du sol. Ils échangent beaucoup avec les viticulteurs de qui ils achètent les raisins. « Pour moi, le vin en négoce je ne voulais pas en faire au départ. » Mais en le faisant bien, en étant entiers dans leur façon d’échanger au cours de la croissance de la vigne et en vendangeant eux-même à la main, faire de très jolis vins en négoce est chose possible !

 

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Une trame de fond claire s’écrit plus la conversation avance. Les Jousset, avec leur franchise implacable, sont inimitables. Et c’est cette honnêteté, ciselée et sans fioritures, qui leur permet d’avoir un cercle d’amis tricoté serré. 

Lorsque Lise me raconte les vignerons qu’elle a aidé et qui l’ont supportée pendant des périodes difficiles, on remarque que la solidarité est primordiale dans ce microcosme du vin naturel. Leur jusqu’au boutisme est évident. Chez Lise et Bertrand, on ne fait pas les choses à moitié.  

 

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Parce que pour Lise, « si tu n’as plus de doutes, tu ne peux plus avancer ».

 

Cette phrase dite en réponse à ma question sur leur style de vin me pousse à la réflexion. Lise affectionne particulièrement l’avant-vendange qu’elle a à cœur et qui la force à s’arrêter pour réfléchir où la vigne se situe. Pour récolter au parfait moment les précieux raisins imprégnés du millésime qui est en train de se créer. Lise arpente les vignes, goûte et orchestre tel un maestro les parcelles qui seront récoltées.

 

Et 2023? C’était comment je lui demande?

« Vraiment pas facile. Énormément de tri...  mais les jus seront jolis! »

 

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Que penses-tu de ceux qui font encore de la viticulture chimique de nos jours? 

« On ne fait pas le même métier ! » mentionne à brûle pourpoint Lise. « Maintenant que l’on sait l’effet du non bio sur la planète je ne comprends pas que l’on puisse encore produire avec des produits chimiques! » s’indigne Lise. Et avec raison, les vignerons ne devraient pas avoir à payer des certifications (biologique par exemple) pour montrer patte blanche dans le monde du vin. Et ceux qui travaille en appauvrissant les sols et en traficotant leurs vins devraient être ceux qui payent pour déclarer les dommages causés à la terre… et pas l’inverse !

Ce franc parler fait plaisir, rafraîchi et donne envie de trinquer avec un verre de chez Lise et Bertrand. Trinquer à tous ceux qui se battent pour créer des produits vivants, trinquer à la ténacité de ces vigneron.ne.s solidaires entre eux, trinquer à un avenir meilleur et à des choix conscients dans l’assiette et le verre.

  

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Les accords de Lise 

Lise : Clos Renard avec un peu d’âge (8-10 ans) servi à côté d’une jolie volaille entière servie dans son jus. Et puis déglacé avec un peu de ce vin! 

Primavin : Tu ne trouves pas choquant de cuisiner avec ? 

Lise : Du tout!!! Comme on ne peut pas faire de grands vins avec des raisins pourris, on ne peut pas faire de grande cuisine avec du mauvais vin! 

Primavin : D’autres accords en tête?

Lise : Vite comme ça, j’ai un coup de cœur pour l’Exilé blanc avec le crudo de fdu Verdun Beach! 

 

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Ce qu’on retient de lise et bertrand jousset c'est la collaboration. L’amour de l’humain avant tout. Et l’amour des choses bien faites.