Entrevue avec Simon Généreux-Vien

 

Primavin : Salut Simon! Bon commençons par le commencement. Qu'est-ce qui t'a motivé à rejoindre l’univers des vins natures? 

Simon : J'ai toujours été passionné par les bars à vin et l'univers qui se cache derrière le monde de la restauration. Le côté humain, la passion et la frénésie me motive énormément! Quand j'ai commencé à travailler au Bloc Shop, j'ai rencontré Michel Charrette, le propriétaire des Trois petits bouchons, un des premiers bars à vin nature à Montréal. Michel m'a fait découvrir des vins tels que La Soif du Mal du domaine Les Foulards Rouges, Dinavolino et tous les Pierre Frick! À l'époque, nous allions souvent à la Salle à Manger et au Rouge Gorge, et je suivais Michel dans nos découvertes gastronomiques et œnologiques... ben des soirées mémorables vécues là-bas! 

Primavin : On sent une réelle passion! Comment as-tu débuté dans le monde de la restauration à 28 ans ? 

Simon : J'ai laissé tomber la Distillerie à 23 ans pour me tourner vers les endroits plus axés sur le vin naturel! J'habitais à seulement 10 minutes de marche de la Distillerie, donc c'était mon repaire, mais je ne connaissais rien de ce monde-là. Tsé, je viens de Laval haha! 

Ensuite, j'ai rencontré Charles Garant grâce à notre passion commune pour l'escalade et le vin... il est toujours au Bloc Shop! Étant donné mon intérêt pour les vins naturels et mon style d'interaction sociale, Charles m'a proposé de rejoindre l'équipe du Verdun Beach. Comme l'ouverture a été retardée en raison de la pandémie, j'ai eu l'occasion de me lier d'amitié avec Marc Frandon et Charles, et de déguster de nombreux produits intéressants du portfolio! 

Sur le terrain, Brigitte qui travaille maintenant au Candide m'a beaucoup guidé. Après avoir pesé le pour et le contre, je me suis dit qu'à 28 ans, les opportunités ne pleuvent pas pour devenir sommelier de plancher...! Mon premier shift a été assez intense! Charles m’a juste demandé : "T'es déjà allé au resto ?" J’ai dit “euh... oui?” puis il m’a dit "Parfait voici ta section et voici où sont les numéros de tables"! J'ai été placé dans la section arrière et ça s'est plutôt bien passé ! 

Primavin : Ouf! Intense ça! Comment as-tu vécu le fait de commencer dans la restauration à 28 ans ? 

Simon : J'ai toujours été dans une position d'enseignant... depuis mes 16 ans en fait ! De ce fait, j'ai appris à aimer apprendre et à être constamment prêt à poser mille et une questions. Je dis souvent "je ne sais pas, je vous reviens" quand je ne le sais pas ! Je déteste dire n'importe quoi, et j'ai gagné la confiance des gens en montrant que je ne disais pas n’importe quoi pour avoir réponse à tout à tout prix! 

Primavin : As-tu suivi des cours de sommellerie, Simon ? 

Simon : J'ai profité des périodes de fermeture pendant la pandémie ! J'ai suivi les formations WSET2 et WSET3 à l'ITHQ en 2021-2022 afin de combler cette lacune. Les gens me demandaient parfois "je veux quelque chose qui ressemble à un Sancerre", et je ne savais pas quoi répondre. J'ai trouvé important d'acquérir cette base et de mieux comprendre les goûts des gens. 

Primavin : Comment concilies-tu ton amour du bien-être physique avec le monde du vin ? 

Simon : Je considère le vin naturel comme un produit qui se veut plus "sain" et créé dans le respect de la nature. Étant donné que j'ai commencé tard, ma personnalité était bien affirmée, et je ne me suis pas laissé trop influencer par mes pairs (aka boire à outrance). Je n'avais rien à prouver à personne au niveau de mon amour de la fête ! 

Primavin : Parlons un peu de ton parcours avant d’arriver les pieds joints dans le vin nature! 

Simon : J'ai étudié la biologie, spécialisation écologie, à l'université de Sherbrooke, mais je n'ai pas terminé mes études, car je ne me voyais pas dans ce domaine à long terme. J'ai commencé l'escalade en 2008 et j'ai enseigné l'escalade à temps partiel dans des cours d'éducation au secondaire. En 2013, j'ai entamé une formation en tant que thérapeute en réadaptation physique. J'ai travaillé en tant que thérapeute en clinique pendant 6 mois, mais je détestais ça... C'était vraiment de la thérapie "McDo" avec le maximum de clients en un minimum de temps, et cela enlevait l'aspect humain. Je suis ensuite retourné à temps plein au Bloc Shop avec pour mission de créer un programme d'entraînement pour les équipes de compétition. 

Primavin : Quel vin t'a fait comprendre ce qu'était le vin naturel ? 

Simon : Eh bien, en fait, mes parents buvaient déjà pas mal de vin à la maison ! Mais c'était surtout du Chianti et des vins costauds. C'est en goûtant La Soif du Mal que j'ai réalisé... ah, c'est ÇA que j'aime ! Les macérations douces en carbonique, juteuses à souhait, c'était une révélation pour moi. Je définissais le vin nature par sa légèreté, sa buvabilité (et parfois la brett, je dois l'avouer) ! Les magnifiques cuvées de pinot noir de Frick ont vraiment ouvert une porte pour moi. Découvrir des vins naturels d'une telle profondeur et élégance m'a vraiment marqué. C'est à ce moment-là que j'ai réalisé toute la puissance de cette approche viti-vinicole. 

Primavin : Et pour terminer, quel est ton accord ultime? 

Simon : Des bulles et une partie de pétanque ! Pour ma part, pas besoin de manger nécessairement, c'est vraiment le moment qui me fait vibrer. Des vins vivants... des vins vibrants... ! J'associe beaucoup les vins aux moments vécus avant les plats. Bon, si je devais vraiment choisir... ce serait du champagne avec des huîtres Valley Pearl de l'Île du Prince Édouard ! 

Primavin : Et ton restaurant chouchou à Montréal ? 

Simon : Le Knuckles ! Parce que c'est convivial, la cuisine est exceptionnelle et la carte des vins est top. C'est un endroit qui inspire la convivialité... un aspect primordial du vin nature selon moi ! 

Primavin : Cheers Simon!

Simon : Right back at you!