Entrevue avec Maude Gendron
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Primavin : Maude! đź’š Tu as un parcours un peu atypique, parle-nous tout d’abord de ton premier contact avec le vin?Â
Mon amour du vin vient de mes parents et surtout de mon père qui travaille dans le milieu artistique du cinĂ©ma! C’est quand mĂŞme comique puisque mon premier contact avec le vin c’était avec un produit absolument pas nature. Francis Ford Coppola Director's Cut c’était LE vin pour souligner des occasions spĂ©ciales au point oĂą je suis mĂŞme allĂ© visiter le domaine (ma toute première visite de vignoble). Les soupers Ă©taient et sont toujours le centre de nos rĂ©unions familiales (maintenant avec du vin que je leur fait dĂ©couvrir hihi) et je peux remercier mes parents de m’avoir inculquĂ© l’importance des moments partagĂ©s. Â
Primavin : Et ton premier contact avec le vin naturel?Â
Aaaah dans ce cas c’est le Puszta Libre de Claus Preisinger qui a Ă©tĂ© le dĂ©clic! Ce vin a suspendu le temps lors d’un souper Ă la Cabane d’à CĂ´tĂ© du Pied de cochon. Je me souviens prĂ©cisĂ©ment de la table, de l’atmosphère et de la musique! Un moment marquant qui m’a permis de voir une tout autre dimension au vin... ça a vraiment Ă©veillĂ© une Ă©motion en moi et Ă partir de ce moment-lĂ il n’y avait aucun “coming back”!Â
Primavin : Parle-nous un peu de ta vie “d’avant” le monde du vin? Â
J’ai toujours aimĂ© le monde de la restauration. En fait plus jeune je voulais devenir cuisinière! J'ai eu deux expĂ©riences un peu moins palpitantes en restauration plus jeune qui m’ont malheureusement un peu fait peur et j’ai dĂ©cidĂ© d’y aller avec un choix un peu plus “safe” en allant Ă©tudier la gestion du tourisme et d’hĂ´tellerie Ă l'ITHQ et Ă l’UQAM.Â
J’ai ensuite travaillĂ© Ă C2 MontrĂ©al pendant 4 ans oĂą j’ai Ă©normĂ©ment appris sur l’évĂ©nementiel. Je me suis spĂ©cialisĂ© en faisant un DESS en marketing pour ensuite prendre un poste de direction dans une OBNL qui Ĺ“uvrait dans le sport auprès des jeunes. J’ai toujours aimĂ© crĂ©er des Ă©vĂ©nements (l’hĂ´te en moi adore cela) et je rĂŞvais de pouvoir intĂ©grer cela dans mon travail. Je me cherchais ! Â
Je passais Ă©normĂ©ment de temps dans les restaurants et j’étais en grand questionnement quant Ă mon avenir. Je voulais vraiment aller dans le domaine de l’importation privĂ©e comme ça regroupait tout ce que j’aimais : marketing, Ă©vĂ©nementiel et bien sĂ»r le vin ! C’est comme ça que j'ai pris la dĂ©cision d’aller me perfectionner en sommellerie Ă l’école des mĂ©tiers du tourisme et de la restauration de MontrĂ©al ! Â
Pour ensuite faire le grand saut vers l’importation privĂ©e pour m’occuper d’animer des ateliers dĂ©gustation, introduction de vins dans le rĂ©seau SAQ et dĂ©veloppement d’affaires ! Parler avec les vignerons et vigneronnes m’a tellement appris et je suis toujours assoiffĂ©e Ă ce jour. C’est tellement un beau monde le vin... si riche d’aspects Ă approfondir !Â
Primavin : Le contact avec les vignerons via le travail des agents t’a donc aussi motivĂ©e dans ta dĂ©cision! Â
Oui entre autres ! Je m’efforce d’aller faire les vendanges chez des vignerons au QuĂ©bec Ă chaque annĂ©e (Fragments, Domaine de la Bauge et Pervenches m’ont notamment reçue les bras grands ouverts les trois dernières annĂ©es)! Le travail colossal derrière la bouteille qui parfois est presque inhumain, les alĂ©as climatiques et les milles et uns aspects que ces artisans touchent me fascine. Il y a aussi des moments parfois crève-cĹ“urs auxquels j’ai assistĂ© (sècheresse, gel, grĂŞle...) qui m’ont sensibilisĂ©e Ă leur rĂ©alitĂ©. Le choix du vin que l’on dĂ©guste se doit d’être autant rĂ©flĂ©chi que les autres produits que l’on consomme. C’est un produit agricole avant tout !Â
Primavin : On sent ton amour au travers les dĂ©gustations que tu animes. Qu’est-ce qui te motive lĂ -dedans?Â
J’adore l’idĂ©e de dĂ©mocratiser le vin nature et de le dĂ©complexer. En fait si on revient 50 ans en arrière avec la Commission des Liqueurs il n’y avait pas grand-chose sur les tablettes (flashback sur le Baby Duck et ses 50 grammes de sucre rĂ©siduel!) et très vite au QuĂ©bec on s’est amourachĂ©s de ce type de vin plus rĂ©flĂ©chi et plus vivant !Â
Quand je donne des ateliers, la connaissance des clients me renverse parfois! On a vraiment des passionnĂ©s au QuĂ©bec autour du vin et de l’artisan, et mon but c’est que le plus de personnes le deviennent!Â
Primavin : Ta passion pour le partage transparaĂ®t clairement chez toi, tu sers quoi Ă tes amis pour les Ă©pater ? Â
J’ai toujours aimĂ© recevoir et faire dĂ©couvrir de petites perles que je dĂ©niche et voir de l’émerveillement c’est tellement le fun! Je suis une acheteuse compulsive de vin (oupsi!) donc mon cellier dĂ©borde! J’adore faire ma fameuse paĂ«lla aux fruits de mer maison. Je la sers avec des bulles bien travaillĂ©es avec de la matière pour venir supporter tous les aromates de ce dĂ©licieux plat! Le Clos Lenticus 2013 CRV ou un blanc texturĂ© comme le transcendant Cailloutis 2018 de VallĂ©e Moray qui Ă©lève la paĂ«lla avec classe.Â
Primavin : Et si tu avais UN accord Ă choisir?Â
Pour moi, les règles très prĂ©cises m’ennuient parfois et j’aime faire des accords en fonction des gens avec qui je suis (je vais amener autre chose Ă mes parents qu’à mes amis geek par exemple!)Â
La tempĂ©rature ambiante, le temps de l’annĂ©e et le moment de la journĂ©e vont dicter mes choix. Mais en semaine, j’adore faire un poulet rĂ´ti aux herbes avec des pommes de terre rattes cuites lentement au four que je sers avec du rosĂ© foncĂ©. En ce moment, l’accord parfait serait le Matilde Rosato 2021 de Cascina Corte!Â
Primavin : Merci pour cette belle entrevue Maude! Dernière question! Ton resto-chouchou Ă MontrĂ©al?Â
Ouf pas facile comme question! Nous sommes tellement gâtĂ©s au QuĂ©bec Ă ce niveau! Â
J’habitais dans le Sud-Ouest avant et le Elena est vraiment devenu un incontournable pour moi! Tellement un bel endroit pour aller prendre un cafĂ©, une bouchĂ©e sur le side, une date plus sĂ©rieuse ou une soirĂ©e entre amis... c’est la versatilitĂ© mĂŞme ce lieu! Et puis leur philosophie d’entreprise est vraiment un modèle pour moi.Â
Sinon le PichaĂŻ pour rĂ©veiller mon palais et j'aime bien aller regarder le coucher de soleil sur la terrasse de la Taverne Atlantic, un dirty martini Ă la main!Â